Ce roman retrace la vie du héros grec à qui la cité de Troie doit sa chute et dont la colère a traversé les âges grâce à l’Iliade d’Homère, la plus ancienne œuvre parvenue jusqu’à nous après Gilgamesh. Mais que serait ce héros et quel aurait été son destin sans son amant Patrocle ? C’est ce qu’explore Madeline Miller dans son très beau roman Le chant d’Achille.
Si la lecture d’une épopée vous effraie, lancez-vous dans ce roman ! Vous plongerez au cœur des tourments que traverse Achille, le plus emblématique des héros qui a inspiré et inspire encore d’innombrables œuvres !
L’histoire en quelques mots…
Contraint de s’exiler de sa patrie, le jeune Patrocle se sépare de sa famille pour partir grandir à Phtie, dans le royaume de Pelée, le père d’Achille. Dès leur rencontre et jusqu’à leur mort, Achille et Patrocle ne se sépareront plus jamais au grand dam de la terrible Thétis, la divine mère d’Achille, qui apprécie très peu ce compagnon qui prend une place si importante dans le cœur de son fils et le détourne de son destin, pense-t-elle. Patrocle accompagne Achille dans tous les moments de sa vie : sa formation de héros auprès de Chiron, son départ pour Troie et sa chute.
L’angle adopté par l’auteure est résolument celui de l’histoire d’amour et c’est une réussite ! M. Miller fait une relecture des différents épisodes de la vie d’Achille, de ses décisions et de ses actes sous la lumière de cette relation amoureuse. Pour cela, l’auteure a eu l’idée (géniale) de confier l’ensemble de la narration à Patrocle sous le regard duquel Achille nous est plus proche que jamais. Du moins, dans les limites de son humanité, car la part divine d’Achille demeurera un mystère insondable pour Patrocle et les simples mortels que sont les lecteurs ! Grâce à la plume de l’auteure, le lecteur sentira néanmoins de façon vive le fardeau de ce héros doué de pouvoirs divins mais qui doit se résoudre à mourir, comme un simple mortel, jeune et dans la gloire…
Pourquoi ai-je aimé ce roman ?
Je conseille cette lecture à tout le monde ! En mêlant savamment roman psychologique et tragédie, Madeline Miller parvient avec brio à nous rapprocher de ces héros qui bien souvent peuvent nous paraître terriblement distants dans leurs récits d’origine.
J’ai aimé que le roman retrace la vie d’Achille, de son enfance à sa mort : son enfance à Phtie, sa formation par le centaure Chiron sur le mont Pélion, son exil forcé par sa mère à Scyros sous les déguisements d’une femme, son départ pour Troie et sa chute. En cela, l’auteure se démarque des textes antiques qui ne prennent généralement pour sujet qu’une partie de la vie du héros et ne nous donnent une vision d’eux que parcellaire.
J’ai trouvé la fin très belle, très bien écrite et très émouvante. J’ai donc refermé ce roman avec regret. Je retiens aussi les descriptions de la nymphe Thétis qui prend une forme différente à chacune de ses apparitions et qui évoquent avec force sa nature divine et les forces naturelles qu’elle représente dans des comparaisons pleines de poésie qui inspirent l’effroi. La seule chose que j’ai pu regretter est le manque de développement de certaines scènes qui passaient trop vite à mon goût…