Les Grenouilles, Aristophane

Comédies d’Aristophane sur Circé, Satyres and CieDans la comédie d’Aristophane, les dieux non plus ne sont pas épargnés ! Et ce n’est rien moins que Dionysos, le dieu du théâtre, qui monte sur scène pour faire rire le public athénien. Une pièce dépaysante et mythologique qui vous donne rendez-vous dans les Enfers.

La scène littéraire va mal depuis que les 3 grands tragiques(1) sont morts et Dionysos, le dieu du théâtre, s’en désole. Aussi s’est-il résolu à ressusciter l’un d’entre eux ! Mais comment fait-on au juste pour aller aux Enfers et en revenir ? Dionysos décide de marcher sur les pas d’Héraclès qui s’est distingué, lors de ses 12 travaux, en capturant Cerbère, le monstre qui garde les portes des Enfers.

C’est donc affublé d’une massue et d’une peau de lion par dessus sa toge en soie et ses délicates cothurnes que Dionysos, accompagné de son esclave Xanthès, s’en va toquer à la porte d’Héraclès, véritable guide touristique pour toute personne souhaitant se lancer dans cette escapade peut-être sans billet de retour.

Outre le fait qu’entre le rôle que Dionysos souhaite incarner et sa qualité d’interprétation, l’écart est grand, Héraclès a laissé quelques souvenirs de son passage aux Enfers pour le meilleur et pour le pire de nos deux comparses !

Note
(1) Les 3 grands tragiques sont Eschyle, Sophocle et Euripide.

Lysistrata, Aristophane

Découvrir les comédies d’Aristophane sur Circé, Satyre and CieAlors qu’Athènes est en guerre contre Sparte, Aristophane, fervent défenseur de la paix, imagine une pièce dans laquelle les femmes ont un rôle à jouer et un pouvoir mésestimé sur les hommes et la politique. Une petite pépite de drôlerie qui ravira tous ceux qui ne sont pas contre les plaisanteries en dessous de la ceinture !

Durant une nuit d’insomnie, Lysistrata a eu une idée et même une sacrée idée qui risque bien de contraindre les hommes à signer la paix. Elle réunit au pied de l’Acropole toutes les femmes athéniennes, mais également des représentantes de Sparte pour leur exposer son idée : faire la grève du sexe et occuper l’Acropole où est stocké l’argent servant à financer la guerre !

Une double action coup de poing qui pourrait être d’une redoutable efficacité auprès de la gente masculine, si seulement Lysistrata parvenait à garder dans le rang des femmes un peu trop éprises des plaisirs de la chair et qui peinent à respecter leur serment…Lysistrata a du pain sur la planche pour leur faire garder le cap et peut-être parvenir à leurs fins !

Les Oiseaux, Aristophane

Lire le théâtre antique d’AristophaneVoilà une très jolie pièce de théâtre dans laquelle Aristophane transforme son désenchantement face à la réalité politique d’Athènes en une véritable fable utopique et poétique pleine de fantaisie !

Guidés par deux oiseaux juchés sur leur épaule, deux Athéniens ont quitté leur cité pour partir à la recherche d’un dénommé LaHuppe(1), un humain transformé en oiseau par les dieux.  Qui mieux que lui, qui de ses ailes a pu parcourir tous les alentours, est le plus à même de leur conseiller la cité idéale où il ferait bon vivre, une cité qui ne serait pas gangrenée par la manie du procès et de la délation comme Athènes ?

Mais aucune des propositions de LaHuppe ne convainc les deux Athéniens. Il leur vient alors une idée : si la cité idéale n’existe pas, pourquoi ne pas la créer ? Et pourquoi ne pas la créer parmi les oiseaux ? LaHuppe, séduit par l’idée, décide de rassembler tous les oiseaux. Restent aux deux Athéniens d’organiser cette cité des oiseaux sans être rattrapés par les travers de leur cité et avec cette ambition folle de prendre le pouvoir sur les humains et les dieux.

Notes :
(1) LaHuppe ou Térée dans le texte grec.

Du sang sur Rome, Steven Saylor

Rome, aux lendemains des terribles proscriptions de Sylla. Un jeune esclave nommé Tirion, se rend, sur ordre de son maître, dans les quartiers mal famés de Subure pour frapper à la porte d’un certain Gordien. Il ne faut pas longtemps à ce dernier pour deviner les raisons de sa venue car il a le flair, la logique et l’astuce tout crachés d’un Sherlock Holmes. Nous sommes pourtant bien à Rome en l’an 80 av. J.-C. et les activités d’enquêteur de Gordien sont régulièrement louées par les avocats en quête de preuves pour leur procès. Cette fois-ci, il s’agit du jeune Cicéron qui, pour son 1er procès, a besoin de l’aide de Gordien pour défendre son client accusé de parricide. Pour Cicéron, un procès délicat qui va bien plus loin que la simple histoire de famille en venant chatouiller les intérêts de Sylla. Et pour Gordien, une enquête pleine de dangers.

Je ne suis pas une adepte des romans policiers, et pourtant j’ai aimé ce roman qui est le 1er tome d’une longue série appelée Les Mystères de Rome. Mon passage préféré est celui du jour du procès avec les bribes de discours de l’accusation et de la défense menée par Cicéron. Cette histoire aide à se rendre compte à quel point Cicéron était un orateur d’exception ! Et rien que pour ça, je valide !

Le Journal d’une déesse, Teresa Buongiorno

Une fois n’est pas coutume, je me suis lancée dans la lecture d’un roman de littérature jeunesse pour donner des idées de lecture aux plus jeunes, curieux de mythologie grecque. J’ai donc jeté mon dévolu sur Le Journal d’une déesse, un roman de l’italienne Teresa Buongiorno.

Dans ce roman jeunesse, nous suivons l’histoire d’Hébé, la déesse de la Jeunesse. Pour son anniversaire, Zeus lui offre un rouleau de papyrus qui deviendra son journal intime dans lequel elle décrira la vie sur l’Olympe qui se révèle pleine de rebondissements et d’aventures. Outre le fait qu’il n’est pas facile de grandir avec des parents comme Zeus et Héra, ni de trouver sa place au sein du Palais des dieux, la vie sur les hauteurs de l’Olympe est loin d’être de tout repos. Entre la famille qui s’agrandit sans cesse avec la naissance d’Héphaïstos, d’Athéna ou encore d’Hermès, les vieilles rancœurs entre Titans et dieux qui se réveillent, les infidélités incessantes de Zeus qui mettent la pagaille dans sa relation avec Héra, sans compter ces humains dont il faut s’occuper de temps en temps, la vie d’Hébé est bien remplie !

Mon avis sur Le Journal d’une déesse de Teresa Buongiorno

J’ai trouvé ce roman jeunesse fort sympathique et je pense qu’il peut plaire beaucoup à des collégiens principalement pour 2 raisons :

  • Ce roman se lit très rapidement (malgré ses 345 pages !) et ses chapitres particulièrement courts (entre 3 et 4 pages) permettent de grignoter le roman plusieurs fois par jour. Il conviendra donc même à ceux et celles pour qui la lecture se révèle vite ennuyeuse.
  • Ce roman offre un panorama particulièrement complet de la mythologie grecque, même si bon nombre d’épisodes ne sont qu’évoqués : de la naissance des Titans, à celle des dieux et des hommes, la succession des différents âges des humains, les aventures les plus célèbres des dieux, etc.

J’ajouterai d’autres raisons qui m’ont plues en tant que lectrice adulte :

  • L’auteure intègre habilement dans son récit cette idée qu’il y a toujours plusieurs versions d’un même mythe.
  • Ce roman m’a donné l’opportunité de connaître des divinités que je ne connaissais pas, comme Hébé, l’héroïne du roman, ou encore Illythie.
  • L’histoire nous retrace la chronologie de la mythologie grecque, et c’est très appréciable !

Quo Vadis ?, Henryck Sienkiewicz

Cela fait quelques années déjà que j’ai lu ce roman et bien je ne puisse pas en faire un résumé précis, je tenais néanmoins à te partager mes impressions sur cette lecture dont je garde un excellent souvenir ! En deux mots, l’histoire se déroule à Rome sous le règne de l’Empereur fou, Néron. On suit l’histoire de Vinicius, un général romain, qui tombe amoureux de Lydie, une esclave chrétienne, et qui pour l’approcher va s’intéresser au christianisme, cette toute jeune religion sur laquelle s’acharnera la folie de Néron. Le cadre historique de ce roman est passionnant puisque non seulement on assiste à l’incendie de Rome, aux premiers martyrs de chrétiens dans l’amphithéâtre, mais qu’on rencontre aussi des personnages bibliques de premier plan comme Saint Pierre et Saint Paul ou encore le célèbre écrivain latin comique, Pétrone. C’est un roman flamboyant et une histoire aussi prenante qu’un roman de Dumas ! Aussi lui pardonnera-t-on de nourrir tous les clichés attachés à la figure de Néron en reprenant tout l’argumentaire de ses détracteurs. En effet, il ne s’agit pas là d’un documentaire historique, mais bien d’une fiction basée sur quelques faits réels écrite pour régaler de ses excès l’imaginaire des lecteurs.

Circé de Madeline Miller

Avec ce roman, j’ai plongé avec délices dans l’univers merveilleux de la mythologie ! Après Achille, Madeline Miller s’est attaqué cette fois-ci au personnage de Circé, cette magicienne mythique qui transforma les compagnons d’Ulysse en cochons, et encore une fois, son style fait mouche ! De sa très belle écriture, elle dresse le portrait tout en nuances de cette sorcière des temps les plus reculés. Une vie (mythique !) d’autant plus passionnante que c’est Circé elle-même qui nous la raconte. Au fil de ces pages, vous croiserez son père Hélios, son oncle Prométhée, sa sœur Pasiphaé, Minos, Dédale, Ulysse, Scylla, Médée, son amant Hermès et bien d’autres. Bref ! Si vous êtes un passionné de mythologie, je vous conseille à 100% cette lecture. J’attends maintenant avec impatience la sortie de son prochain roman et je suis très curieuse de savoir sur quel personnage elle jettera son dévolu.

Le chant d’Achille, Madeline Miller 

Ce roman retrace la vie du héros grec à qui la cité de Troie doit sa chute et dont la colère a traversé les âges grâce à l’Iliade d’Homère, la plus ancienne œuvre parvenue jusqu’à nous après Gilgamesh. Mais que serait ce héros et quel aurait été son destin sans son amant Patrocle ? C’est ce qu’explore Madeline Miller dans son très beau roman Le chant d’Achille.

Si la lecture d’une épopée vous effraie, lancez-vous dans ce roman ! Vous plongerez au cœur des tourments que traverse Achille, le plus emblématique des héros qui a inspiré et inspire encore d’innombrables œuvres !

L’histoire en quelques mots…

Contraint de s’exiler de sa patrie, le jeune Patrocle se sépare de sa famille pour partir grandir à Phtie, dans le royaume de Pelée, le père d’Achille. Dès leur rencontre et jusqu’à leur mort, Achille et Patrocle ne se sépareront plus jamais au grand dam de la terrible Thétis, la divine mère d’Achille, qui apprécie très peu ce compagnon qui prend une place si importante dans le cœur de son fils et le détourne de son destin, pense-t-elle. Patrocle accompagne Achille dans tous les moments de sa vie : sa formation de héros auprès de Chiron, son départ pour Troie et sa chute.

L’angle adopté par l’auteure est résolument celui de l’histoire d’amour et c’est une réussite ! M. Miller fait une relecture des différents épisodes de la vie d’Achille, de ses décisions et de ses actes sous la lumière de cette relation amoureuse. Pour cela, l’auteure a eu l’idée (géniale) de confier l’ensemble de la narration à Patrocle sous le regard duquel Achille nous est plus proche que jamais. Du moins, dans les limites de son humanité, car la part divine d’Achille demeurera un mystère insondable pour Patrocle et les simples mortels que sont les lecteurs ! Grâce à la plume de l’auteure, le lecteur sentira néanmoins de façon vive le fardeau de ce héros doué de pouvoirs divins mais qui doit se résoudre à mourir, comme un simple mortel, jeune et dans la gloire…

Pourquoi ai-je aimé ce roman ?

Je conseille cette lecture à tout le monde ! En mêlant savamment roman psychologique et tragédie, Madeline Miller parvient avec brio à nous rapprocher de ces héros qui bien souvent peuvent nous paraître terriblement distants dans leurs récits d’origine.

J’ai aimé que le roman retrace la vie d’Achille, de son enfance à sa mort : son enfance à Phtie, sa formation par le centaure Chiron sur le mont Pélion, son exil forcé par sa mère à Scyros sous les déguisements d’une femme, son départ pour Troie et sa chute. En cela, l’auteure se démarque des textes antiques qui ne prennent généralement pour sujet qu’une partie de la vie du héros et ne nous donnent une vision d’eux que parcellaire.

J’ai trouvé la fin très belle, très bien écrite et très émouvante. J’ai donc refermé ce roman avec regret. Je retiens aussi les descriptions de la nymphe Thétis qui prend une forme différente à chacune de ses apparitions et qui évoquent avec force sa nature divine et les forces naturelles qu’elle représente dans des comparaisons pleines de poésie qui inspirent l’effroi. La seule chose que j’ai pu regretter est le manque de développement de certaines scènes qui passaient trop vite à mon goût…