Le Conte d’Amour et Psyché dans la saison 3 de La Chronique des Bridgerton

L’équipe de tournage de la série Netflix à succès, La Chronique des Bridgerton, mène un véritable travail artistique tant dans ses costumes et décors que dans ses partis pris, mais aussi… dans ses allusions littéraires.

Dans l’épisode 4 de la saison 3 de La Chronique des Bridgerton, est glissée une très belle allusion littéraire qui aura sans doute échappé à beaucoup tout simplement parce que l’œuvre est très peu connue (mais mériterait vraiment de l’être). Il s’agit d’une allusion au Conte d’Amour et Psyché, une très belle histoire d’amour du IIe siècle racontée dans Les Métamorphoses ou l’âne d’or d’Apulée.

Un intermède mythologique… et symbolique

Peut-être que ce petit intermède saura inspirer mes tourtereaux, ce soir.

Allusion mythologique dans la scène de danse de la saison 3 de La Chronique des Bridgerton

Rendez-vous à 26 minutes 38 secondes de l’épisode 4. Les convives assistent à un spectacle de danse classique mettant en scène un couple. Comme le signale la reine Charlotte, cet intermède chorégraphique n’est pas purement décoratif. La mosaïque qui sert de scène à la danse ne laisse d’ailleurs aucun doute sur l’histoire racontée et nous donne la clé d’interprétation. On y voit le dieu Amour -également appelé Cupidon ou Eros, reconnaissable à ses grandes ailes blanches – qui entoure de ses bras Psyché, reconnaissable aux ailes de papillon qui ornent ses épaules.

Le danseur Eros ou Amour dans la saison 3 La Chronique des Bridgerton La danseuse Psyché dans l’épisode 4 de la série Netflix La Chronique des Bridgerton La danse symbolique d’Amour et Psyché dans la série Netflix La Chronique des Bridgerton
Au début de cette scène, le danseur a des ailes dessinées sur son dos qui l’identifient au dieu Amour de la mosaïque. Psyché, incarnée par la danseuse, apparaît d’abord inanimée sur la scène jusqu’à ce qu’Eros la « réveille » ou plutôt la ressuscite. A la fin, le danseur hisse sur ses épaules Psyché qui déploie ses bras comme des ailes.

Un conte d’amour antique en écho avec l’histoire de Penelope Featherington

Ils ont l’air plutôt contrariés, non ?  Eros et Psyché en plein affrontement…

La peinture qui a inspiré la mosaïque de la scène de danse dans l’épisode 4 de la série La Chronique des Bridgerton, saison 3

Quels points communs entre la saison 3 de La Chronique des Bridgerton mettant à l’honneur le couple formé par Penelope Featherington et Colin Bridgerton et le conte d’Amour et Psyché ? Pour trouver quel sens donner à cette comparaison littéraire que Miss Cressida Cooper ne manque pas de relever, racontons brièvement l’histoire d’Amour et Psyché.

Si jamais vous souhaitiez ne pas être spoilé sur le conte et découvrir par vous-même l’histoire, je vous invite à vous arrêter là.

Ci-contre la peinture L’enlèvement de Psyché de William-Adolphe Bougeureau (1895) qui a inspiré la mosaïque de la scène de danse.


Il était une fois dans une ville un roi et une reine qui avaient trois filles d’une beauté très distinguée…

C’est ainsi que commence le Conte d’Amour et Psyché. Alors que ses deux sœurs aînées sont mariées depuis belle lurette, la princesse Psyché peine à trouver un époux (1er point commun avec Penelope !). La faute à sa beauté exceptionnelle qui l’isole du reste des mortels puisque les hommes bien loin de la courtiser préfèrent la vénérer comme une déesse… ce qui ne plaît d’ailleurs pas du tout à Aphrodite dont le culte est délaissé au profit de cette mortelle. En rage, elle demande donc à son fils, ce petit fripon d’Eros, d’agir : que Psyché tombe amoureuse d’un monstre, d’un vaurien, du plus misérable des humains ! Alors qu’il part à sa rencontre accomplir sa mission, Eros se laisse avoir à son propre jeu…

Peu de temps après, le Roi que la situation de sa fille désespère s’en va consulter un oracle duquel il revient désappointé et malheureux… Les dieux ont parlé : il devra mener sa fille au pic d’un roc pour « des noces sanglantes » et devenir l’épouse d’un monstre. Une fois menée au pic en question dans une procession aux accents funèbres plutôt que festifs, ses parents et tous leurs sujets repartent et la laissent seule rencontrer son monstrueux époux. Alors qu’elle pense sa dernière heure arrivée, un nuage la transporte avec douceur en contre-bas devant un palais somptueux.

peinture de Maurice Denis sur Psyché
Le Zéphir transporte Psyché sur une île de délices, peinture de Maurice Denis, 1908

Elle entre dans ce palais où tout y est étrange et magique. La nuit venue, elle entre dans la chambre et y attend son époux dans le noir le plus complet pour sa nuit de noces… Contre toutes attentes, Psyché découvre les joies de l’amour physique et chaque nuit, elle retrouve avec impatience et délices les bras de son époux. Seule ombre au tableau, son époux lui impose une condition à leur vie commune : Psyché ne doit jamais chercher à savoir qui il est, ni à quoi il ressemble. Elle accepte.

Le temps passe et Psyché se languit de sa famille. Elle souhaiterait également les rassurer sur son sort. Son mari accepte donc qu’elle reçoive ses sœurs, mais celles-ci ne sont pas aussi heureuses du bonheur de Psyché ni du luxe dans lequel elle vit, sans doute parce qu’il dépasse largement le leur. La jalousie pointe. Le tableau de bonheur conjugal que Psyché leur dépeint ne peut pas être aussi parfait… et si cet époux qu’elle ne peut voir était un monstre qui n’attend que le moment opportun pour la dévorer ?

peinture de Maurice Denis sur Psyché découvrant Eros
Psyché découvre que son mystérieux amant est Eros, peinture de Maurice Denis

Prise d’un effroyable doute, Psyché est prête à briser sa promesse. La nuit venue, elle attend la fin de leurs ébats amoureux et que son mari tombe dans un profond sommeil. Alors elle allume une lampe à huile et, en se penchant vers lui, découvre à sa grande stupéfaction que non seulement son mari n’est pas un monstre, mais qu’il est incroyablement beau. Sa main tremble et une goutte d’huile bouillante tombe sur l’épaule d’Amour qui se réveille en sursaut. Puisque le sceau du secret a été brisé, son mari lui révèle qu’il est le dieu Amour et que, comme la promesse n’a pas été tenue, leur histoire s’arrête ici. Sur ces paroles, Amour disparaît.

 

La trahison de Penelope Featherington dans La Chronique des Bridgerton et de Psyché dans le conte antique d’ApuléeDans ce conte, Psyché se rend donc coupable de trahison envers Amour en bravant un interdit qu’il avait clairement posé (voilà un 2e point commun : Colin prend ses distances avec Penelope quand il découvre qu’elle et Lady Whistledown ne font qu’une et qu’elle est donc l’autrice de la fameuse chronique qui a persiflé sur son compte et celui des Bridgerton). Après quoi, Amour s’enfuit et trouve refuge auprès de sa mère Aphrodite. Psyché, qui ne peut cependant se résoudre à abandonner, veut réparer sa faute et regagner l’amour de son époux (3e point commun !). S’ensuit pour elle un long chemin semé d’épreuves et d’embûches posées par la terrible Aphrodite qui mettent sa vie en danger. Alors qu’elle arrive au bout de ses peines, qu’elle est prête à réussir la dernière épreuve, elle commet une erreur et libère un sortilège qui lui ôte la vie.

Cupidon remis de sa blessure peut à nouveau battre des ailes. Il s’enfuit de sa chambre où l’avait enfermé sa mère Aphrodite qui ne supportait pas qu’il puisse donner son coeur à une mortelle et s’en va retrouver Psyché dont l’absence le faisait autant sinon plus souffrir que sa blessure. Il la retrouve inanimée, la libère du sortilège et la réveille, lui donnant ainsi l’opportunité de finir l’épreuve imposé par sa mère. Pendant ce temps, il s’en va de son côté demander à Zeus une faveur que sa mère ne sera jamais prête à accorder : son mariage officiel avec Psyché et son accession à l’immortalité.

sculpture de Psyché ranimée par le baiser de l’Amour d’Antonio Canova
Psyché ranimée par le baiser de l’Amour , sculpture d’Antonio Canova, 1793

Un conte d’amour revisité… et modernisé

Dans quelle mesure les showrunners de la série Netflix ont-ils souhaité filé la comparaison avec le conte d’Apulée ? Voici quelques autres similitudes que j’ai pu relever.

Colin Bridgerton dans le rôle de Cupidon. Au-delà du fait que Colin soit l’homme le plus convoité de la saison, il se pose en expert de l’amour et fait profiter un temps Penelope de ses leçons pour attirer dans ses filets des prétendants. Cependant, tout comme Cupidon dans le conte d’Apulée, il va dépasser les limites du rôle qu’il s’était donné…

Une histoire d’amour entre deux personnes de statut social différent. C’est plutôt un lieu commun des histoires d’amour dans la littérature, mais relevons-le quand même. Dans le conte d’Apulée, une histoire d’amour se noue entre une divinité et une mortelle. Cette liaison « contre-nature » est d’ailleurs rejetée comme telle par Aphrodite. Il faudra un mariage et même une apothéose de Psyché (c’est-à-dire un passage du statut de mortelle à celui de divinité) pour que cette relation soit acceptée. Dans La Chronique des Bridgerton, Colin fait partie d’une famille aristocrate de longue date, alors que les Featherington sont des parvenus embourgeoisés en mal d’intégration dans cette noblesse dont font partie les Bridgerton.

La beauté de Psyché et l’âme de Penelope. Si la série Netflix s’est autant plu à nouer des liens avec ce conte antique, c’est bien en raison du personnage de Psyché et de toute la symbolique qu’elle porte, puisque son nom, en grec ancien, signifie « l’âme ». Dans l’Antiquité, la beauté de l’âme se donne à voir dans la beauté du corps, c’est pourquoi Psyché qui a une belle âme est incroyablement belle. Dans La Chronique des Bridgerton de Netflix, l’enjeu est différent : l’âme et le corps sont dissociés, et ça, c’est une façon de penser très moderne. L’intérêt et l’amour que pourrait susciter chez quelqu’un une belle âme se heurtent à l’obstacle d’un corps jugé « disgracieux » par ses contemporains. Le regard pesant que porte la société sur Penelope dont le corps ne correspond pas aux canons de beauté classique lui impose une forme de silence et de retrait – elle est une candidate au mariage qu’on délaisse de la piste de danse, car d’emblée considérée comme hors-jeu – si bien que pour pouvoir exprimer le trésor d’intelligence qu’elle renferme, elle va créer de toutes pièces le personnage de Lady Whistledown à travers laquelle elle pourra briller. La beauté de l’âme de Penelope, son intériorité, son intelligence, son pouvoir d’analyse et d’observation, elle ne se sent autorisée à les exprimer que sous couvert d’un nom de plume.

Se cacher et se révéler. Cette réflexion nous amène à aborder le thème du dévoilement. Un inversement intéressant est opéré entre le conte antique et le conte moderne. Dans le conte d’Amour et Psyché, c’est le dieu Amour qui se cache, qui protège son identité avant que cette dernière ne soit découverte par Psyché, poussée par la curiosité. Dans La Chronique des Bridgerton, c’est Penelope qui se cache derrière Lady Whistledown et c’est Colin qui, poussé par la curiosité, va la suivre et découvrir qu’elle est l’autrice de ces écrits. En tout cas, dans les deux histoires, la révélation constitue le pivot de l’intrigue à partir duquel le conte de fées de départ semble prendre fin.

Le clin d’œil final au Conte d’Apulée : l’épisode 8, « En pleine lumière »

Et je me suis rendu compte que vous ne faites qu’une. Vous n’avez toujours eu qu’une seule voix. On ne peut pas vous dissocier de Whistledown (…) Et aujourd’hui, je n’arrive pas à croire (…) à la chance qui est la mienne de pouvoir me tenir à vos côtés et d’absorber ne serait-ce qu’un tout petit peu de votre lumière.

la scène des papillons dans l’épisode 8 de La Chronique des Bridgerton et l’allusion au conte d’Amour et Psyché

Abordons enfin la résolution du conte moderne de Netflix et du conte antique. Le conte d’Apulée se termine par l’apothéose de Psyché : elle acquiert l’immortalité et rejoint les dieux. Elle devient ainsi l’épouse légitime et incontestée du dieu Amour.

« Et je me suis rendue compte que vous ne faites qu’une ». À sa manière, le dernier épisode de la saison 3 se termine lui aussi en apothéose. Lors du bal organisé pour ses sœurs, Penelope n’a plus d’autre choix que de révéler à la reine Charlotte et à toute la société dans laquelle elle évolue qu’elle est Lady Whistledown. Contre toutes attentes, cette révélation ne provoque ni haine, ni reproche, mais, au pire, de l’indifférence et, au mieux, de l’admiration. Pour déclarer le bal ouvert, sa sœur demande de « lâcher les bestioles ». Et c’est là le dernier – et beau – clin d’œil au Conte d’Amour et Psyché, puisque la révélation est suivie d’un lâché de papillons, or Psyché est depuis l’Antiquité représentée avec des ailes de papillons…

fresque antique représentant Psyché avec ses ailes de papillon et Amour ou Eros avec ses ailes d’oiseau

 

Ariane, Jennifer Saint

Roman Ariane de Jennifer Saint, une réécriture du mytheDans ce roman sorti en 2023, Jennifer Saint déroule le fil de l’histoire d’Ariane, cette princesse crétoise dont le destin reste et restera à jamais intimement lié à la défaite d’un monstre et à la victoire d’un héros.

L’originalité de ce roman est que l’autrice dépasse des frontières du mythe en ne s’arrêtant ni au labyrinthe, ni à l’abandon d’Ariane par Thésée. Elle prend de la hauteur et dessine une fresque familiale. Jennifer Saint creuse ce qui fait la singularité d’Ariane en s’intéressant à ses liens familiaux : Ariane est la fille de Minos, un roi inflexible qui impose sa domination sur Athènes et dans son palais par la terreur, mais aussi la fille de Pasiphaé, une mère autrefois rayonnante, mais désormais effacée par le fardeau de la honte. Elle est la sœur de Phèdre, si différente d’elle, tellement plus déterminée qu’elle, mais aussi la sœur du Minotaure qui lui inspire honte, terreur et pitié.    

Jennifer Saint plonge également dans les profondeurs en sondant l’âme d’Ariane. Pourquoi une princesse crétoise se déciderait à trahir son père en laissant un prince grec détruire l’instrument de leur puissance ? N’était-elle vraiment mue que par un amour soudain pour Thésée ? Qu’aimait-elle à travers lui, que désirait-elle ? Quels espoirs secrets l’animaient ? 

Ce roman est un bel hommage rendu à un personnage mythologique assez effacé. Il est servi par une belle écriture et j’ai pris plaisir à le lire même si je n’ai pas été emportée et touchée comme j’ai pu l’être par les récits de Madeline Miller, et qu’il manque un peu de cette densité et de cette profondeur que j’ai trouvées dans Le Chant d’Achille. 

J’ai cependant grandement apprécié le fait qu’elle retrace la fresque familiale  à laquelle appartient Ariane. Cette princesse crétoise s’inscrit dans un tout et c’est en explorant ce tout qu’on peut approcher de ce qui fait la singularité de ce personnage. Les mythes grecs et toute la littérature qui par la suite s’en est inspiré avec des réécritures diverses et variées peuvent, en effet, un peu nous laisser confus sur la logique d’ensemble, sur les liens entre les différents personnages et la chronologie. Avec Ariane de Jennifer Saint, on retrouve une logique d’ensemble, une continuité entre différents mythes qui pouvaient nous paraître indépendants les uns des autres. L’histoire d’Ariane se raccroche au labyrinthe de Dédale et à sa fuite avec son fils Icare, mais aussi à celle de sa sœur Phèdre et de sa tragique histoire d’amour non réciproque avec Hippolyte ou encore à celle de Dionysos, un jeune dieu qui cherche à faire sa place parmi ses pairs. L’autrice s’est plu à tisser une histoire pleine d’autres histoires dans lesquelles Ariane est au coeur de certains mythes, dans la continuité et à l’origine d’autres. 

J’ai apprécié aussi le fait qu’elle fasse ressortir certains motifs, qu’elle fasse apparaître certaines logiques. Je pense notamment à ce qui est arrivé à Ariane, c’est-à-dire son abandon par Thésée, et qui est expliqué par un précédent, c’est-à-dire l’abandon de Médée par Jason. Dans chacune des deux situations, un héros grec se fait aider par une princesse barbare prétendument aimée, puis abandonnée. Enfin j’ai trouvé la psychologie des personnages intéressante. Jennifer Saint se concentre essentiellement sur la psychologie des deux sœurs, Ariane et Phèdre, dont les caractères et les vies s’opposent et auxquelles la romancière donne la parole à tour de rôle. C’est d’ailleurs un aspect du roman que j’ai beaucoup apprécié. 

Echidna, la mère de tous les monstres

Nous voilà atterris par magie au pays des Arymes. Dans les entrailles des montagnes de la Cilicie, en Troade. Là où le monde d’avant a commencé, celui des monstres. Quand Zeus n’avait pas encore détrôné son père Cronos qui lui-même n’avait pas encore détrôné son père Ouranos. Seule la magie pourra nous sortir de là. Nul ne pourra nous sauver à part elle car personne n’a jamais trouvé l’emplacement du pays des Arymes.

A peine échangeons-nous quelques mots qu’une vague inquiétude nous gagne. Nos voix ricochent sombrement en échos sur les parois. Les échos sont partis annoncer que nous sommes là. Nos cheveux se dressent sur nos têtes quand, quelques secondes après le dernier écho, nous entendons au loin un sifflement lugubre, suivi du bruit d’un corps rampant que nous devinons immense. Nous suivons sa progression à ses écailles qui râpent le sol et charrient à sa suite les rochers. Nos cœurs se décrochent presque de notre cage thoracique quand nous voyons des ombres ondulantes jaillirent sur les parois.

Peu après surgit à la lumière de nos torches la fille du Chaos, la vipère des premiers temps, la mère de tous les monstres, Echidna. Nos cœurs s’arrêtent de battre un instant. Nous voyons d’abord ses deux mains de géant s’agripper aux hauteurs de la grotte, puis sa tête à la chevelure noire en frôler la cime et enfin son torse. Sa beauté de femme est étrange et ensorcelante et son regard a la profondeur du Chaos. Elle pose ses mains au sol et fait venir à elle sa queue de serpent qui s’enroule autour d’elle avec la tranquillité et la puissance d’un fleuve. Nos regards hypnotisés s’attardent sur ses écailles dont les couleurs changent au flamboiement dansant de nos torches.

Echidna est une créature si sublime et terrifiante que personne n’ose prendre la parole. Elle ne montre pas les crocs, elle semble attendre. Elle a accepté notre invitation. Nous voulons qu’elle nous parle de ses enfants, ceux qu’elle a eus avec Typhon.

Médée, Euripide

Les tragédies d’Euripide, volume 1Euripide, misogyne ? Accusation un peu facile quand on sait que, dans ses pièces et surtout dans Médée, les femmes, conscientes de l’injustice qu’elles subissent, sont loin d’être des oies blanches. Soit elles se contentent de sauver leur peau, comme Andromaque, soit elles se vengent, comme Hécube ou Médée… D’ailleurs, dans cette pièce, ne vous étonnez pas que Jason n’ait pas l’étoffe d’un héros. Euripide en a fait un salaud.

Médée est une magicienne redoutable qui traîne derrière elle une réputation sulfureuse. Femme savante, intelligente, puissante, Médée inquiète. Sans elle, Jason n’aurait jamais pu récupérer la toison d’or, ni sortir vivant de sa quête. Pour le suivre, elle a dû trahir sa famille, sa patrie et se rendre coupable d’un meurtre qui lui interdit tout retour. Après plusieurs années de vie commune et après avoir fondé une famille, Jason lui fait l’affront de la quitter pour une autre.

Si Médée n’était qu’une femme comme les autres, il lui aurait fallu subir et souffrir sans souffler mot l’insulte et l’humiliation, observer avec regret la somme des sacrifices qu’elle n’aurait jamais dû faire pour un homme. Mais Médée n’est pas une mortelle comme les autres. Jason l’apprendra à ses dépends. Sa nourrice ne le sait que trop bien, elle qui dira

Je la connais bien et je la redoute. Elle est terrible. Et qui s’en prend à elle aura fort à faire avant de chanter victoire.

Percy Jackson, Le voleur de foudre, Rick Riordan

Percy Jackson, une saga qui revisite la mythologie grecqueEn quête d’histoires revisitant la mythologie ? Avec sa saga Percy Jackson, l’auteur Rick Riordan s’amuse avec la mythologie grecque en mettant en scène des adolescents d’aujourd’hui en prise avec des dieux et créatures mythiques. Une lecture divertissante pour un lectorat adolescent et jeune adulte !

Les Etats-Unis, de nos jours.

Dyslexique, balloté d’établissement en établissement pour mauvais comportement, aimé par une mère adorable, mais en couple avec un beau-père détestable, Percy Jackson est un adolescent américain comme un autre avec son lot de problèmes. Du moins, c’est ce qu’il croyait jusqu’à ce que sa prof de maths se transforme littéralement en Furie pour l’éliminer. Suite à cette mésaventure, Percy Jackson découvrira qu’il est non seulement le fils d’un des dieux olympiens, mais qu’on l’accuse également d’avoir volé le foudre de Zeus.

Dans cette saga pour adolescents qui revisite la mythologie à la sauce moderne, les dieux grecs existent bel et bien et règnent encore sur les hommes. Les grandes forces incarnées par les dieux ont eu une grande influence sur le cours de l’Histoire et sont encore à l’œuvre . C’est d’ailleurs pour préserver la race humaine que les dieux ont pris la décision de ne plus s’acoquiner avec les mortel.les, car, comme l’Histoire l’a prouvé en frôlant de près la catastrophe, ces demi-dieux, une fois adultes, peuvent représenter un grand danger dans l’équilibre du monde… Une interdiction que les dieux ont bien du mal à respecter.

Un camp d’entraînement pour demi-dieux, une mission à accomplir pour éviter une nouvelle guerre entre les dieux et le chaos, des monstres ou encore une descente aux Enfers… Voici un aperçu des quelques joyeusetés mythologiques que l’auteur s’est plu à imaginer dans l’intrigue bien ficelée de ce tome 1 de l’univers de Percy Jackson.

Le Journal d’une déesse, Teresa Buongiorno

Une fois n’est pas coutume, je me suis lancée dans la lecture d’un roman de littérature jeunesse pour donner des idées de lecture aux plus jeunes, curieux de mythologie grecque. J’ai donc jeté mon dévolu sur Le Journal d’une déesse, un roman de l’italienne Teresa Buongiorno.

Dans ce roman jeunesse, nous suivons l’histoire d’Hébé, la déesse de la Jeunesse. Pour son anniversaire, Zeus lui offre un rouleau de papyrus qui deviendra son journal intime dans lequel elle décrira la vie sur l’Olympe qui se révèle pleine de rebondissements et d’aventures. Outre le fait qu’il n’est pas facile de grandir avec des parents comme Zeus et Héra, ni de trouver sa place au sein du Palais des dieux, la vie sur les hauteurs de l’Olympe est loin d’être de tout repos. Entre la famille qui s’agrandit sans cesse avec la naissance d’Héphaïstos, d’Athéna ou encore d’Hermès, les vieilles rancœurs entre Titans et dieux qui se réveillent, les infidélités incessantes de Zeus qui mettent la pagaille dans sa relation avec Héra, sans compter ces humains dont il faut s’occuper de temps en temps, la vie d’Hébé est bien remplie !

Mon avis sur Le Journal d’une déesse de Teresa Buongiorno

J’ai trouvé ce roman jeunesse fort sympathique et je pense qu’il peut plaire beaucoup à des collégiens principalement pour 2 raisons :

  • Ce roman se lit très rapidement (malgré ses 345 pages !) et ses chapitres particulièrement courts (entre 3 et 4 pages) permettent de grignoter le roman plusieurs fois par jour. Il conviendra donc même à ceux et celles pour qui la lecture se révèle vite ennuyeuse.
  • Ce roman offre un panorama particulièrement complet de la mythologie grecque, même si bon nombre d’épisodes ne sont qu’évoqués : de la naissance des Titans, à celle des dieux et des hommes, la succession des différents âges des humains, les aventures les plus célèbres des dieux, etc.

J’ajouterai d’autres raisons qui m’ont plues en tant que lectrice adulte :

  • L’auteure intègre habilement dans son récit cette idée qu’il y a toujours plusieurs versions d’un même mythe.
  • Ce roman m’a donné l’opportunité de connaître des divinités que je ne connaissais pas, comme Hébé, l’héroïne du roman, ou encore Illythie.
  • L’histoire nous retrace la chronologie de la mythologie grecque, et c’est très appréciable !